Parions que vous ne le saviez pas : vous avez des fascias et leur bon fonctionnement est primordial pour la bonne santé de votre organisme. Le massage permet de les entretenir.
Les fascias ? Ils enveloppent les muscles et les organes. Le terme de fascia s’applique en fait de façon générique à tous les tissus de maintien du corps. Ils ont un rôle essentiel dans la circulation générale et dans la tenue structurelle. Ils s’agencent en chaînes et interagissent à l’échelle de tout l’organisme. Le péritoine, le péricarde, l’aponévrose sont des fascias. Ils sont associés à chaque organe et à chaque couche. Sous l’épiderme, ils entourent les groupes de muscles. Plus en profondeur ils sont à la fois la séparation et le lien entre les différents organes et les différentes fonctions. Les fascias sont caractérisés comme des tissus conjonctifs (les anglo-saxons parlent de « connective tissu », tissus qui connectent), des fibres ou plutôt une organisation fibrillaire globale que, désormais, la physiologie regarde comme un système à part entière.
Les fascias sont organisés en une trame solide et flexible sur laquelle les autres tissus se structurent. Leur organisation en trame et leur qualité colloïdale leurs confèrent la capacité d’absorber et d’adapter les tensions inhérentes aux mouvements. Cela se manifeste physiquement par la concentration, la redirection, la répartition, la stabilisation et l’amplification des tensions engendrées par la contraction de l’unité musculaire, la charge posturale ou le poids des organes. Cette structure en trame à l’échelle du corps humain explique les nombreuses interdépendances relevées empiriquement par les masseurs, qui curieusement pourront masser un mollet pour soulager un dos.
Les fascias ont également pour rôle de compartimenter les systèmes et de permettre leur glissement entre eux. Que ce soit entre les faisceaux d’un même muscle, entre deux muscles ou groupes antagonistes, entre deux organes aux mouvements différents, ou encore entre le contenu thoracique et le thorax lui-même, le glissement est indispensable à la vie (par exemple donner au cœur la liberté pour battre sans entrave dans la cage thorasique) et au mouvement. Ainsi, par exemple, on a pu mesurer que si les couches de fascias du dos conservent une capacité de glissement de 75% l’une par rapport à l’autre, l’individu ne ressentira pas de douleur. En revanche, un glissement réduit à 50% est associé à des douleurs dorsales.
La trame des fascias n’est pas constituée que de tissus. Elle embarque également, intimement entrelacés, les réseaux qui a différents niveaux irriguent le corps humain : vaisseaux sanguins, nerfs et capillaires lymphatiques. Ces réseaux ne relèvent pas uniquement d’une fonction d’irrigation. Ils constituent une trame de capteurs informatifs à la fois proprioceptifs (capacité du corps à situer ses segments dans l’espace) et nociceptif (capacité à révéler les éléments perturbateur de l’homéostasie).
Pour résumer, prenons une image : un navire ancien, un grand voilier, avec sa coque, ses mâts, ses voiles et sa multitude de cordages. Nous pourrions penser que les organes principaux du bateau sont de bois et de toile. Nous sommes dans l’erreur. Rien ne tiendrait sans les cordages. Rien ne s’articulerait sans eux. Aucune voile n’aurait sa place sans des cordes pour la lui donner. Et d’ailleurs que font les marins dans la tempête ? Que manipulent-ils ? Des cordes, uniquement des cordes. L’intelligence humaine, les ordres du capitaine, passent par les cordes pour innerver toute la structure du navire. Changeons donc de regard. Les fascias sont les cordages du corps humain.
Dernière chose : les fascias sont en perpétuel développement et en constante reconfiguration. Ils vivent et s’adaptent aux sollicitations qu’ils reçoivent. Le problème étant que s’ils ne sont pas, ou pas suffisamment, sollicités, ils vont également se développer et se multiplier, mais sans utilité fonctionnelle réelle. Le bateau est alors envahi par les cordages. À tel point qu’ils se mélangent. Se nouent entre eux. Se coincent mutuellement. S’empêchent de glisser. On dit que les fascias deviennent fibreux. C’est-à-dire surchargés de fibres nouées entre elles. C’est l’une des conséquences les plus dommageables de la sédentarité et de l’absence d’activité physique.
Dès lors que l’on se représente le fonctionnement et l’importance des fascias, se fait jour la compréhension de la contribution que le massage peut apporter à leur bon fonctionnement. Sollicitation mécanique, le massage fait jouer entre-elles les masses musculaires, voire les organes. Ce faisant, il contribue à mobiliser, donc entretenir, le glissement entre ces masses. Et qui dit glissement dit entretien des fascias. De même, le massage profond vient perturber la propension des fascias à l’agencement fibreux et au développement anarchique, les contraignant à se reconfigurer au bénéfice de leur souplesse, de leur irrigation et de leur lubrification. Enfin, le massage rétablit et active le métabolisme général, c’est-à-dire d’une part la fluidité des échanges sanguins et lymphatiques, et, d’autre part, la capacité d’élimination des déchets. Toutes choses essentielles au bon fonctionnement des fascias.